Acte IV, scène 5
I Le piège d’Elmire
a)
Dimension comique
-comique de situation : situation d’Orgon
-comique de gestes : lorsqu’Elmire
tousse et que Tartuffe lui tend un flacon de jus de réglisse.
-Double
énonciation d’Elmire. Orgon est caché sous la table et les propos d’Elmire sont
à la fois adressés à Tartuffe mais aussi à son mari dans le but de le faire
enfin sortir. Il s’agit d’une double énonciation. La didascalie « Elle tousse pour avertir son
mari » montre qu’Elmire tient un double langage. Il s’agit pour elle d’avertir
Orgon et de ralentir l’assaut de Tartuffe.
Théâtre dans le
théâtre.
Le spectateur
est complice d’Elmire.
b)
Dimension inquiétante
Le piège tendu par Elmire
Vers 1455 La
réplique est à la fois destinée à Tartuffe mais aussi à Orgon. Elmire utilise
le « on » pronom personnel indéfini pour se désigner mais ainsi faire
comprendre à Orgon que ce n’est pas tout à fait elle… C’est une manière pour
elle d‘établir une distance entre ce qu’elle dit et ce qu’elle pense. En
revanche le pronom personnel « vous » désigne à la fois Orgon et Tartuffe. C’est déjà un appel au secours et/ou prise de conscience que son mari n’est
pas encore convaincu. Orgon et Tartuffe
sont responsables d’un piège des plus oppressants pour Elmire. Chacun
des deux exige des preuves. Elmire se trouve coincée. Cette situation provoque
de la sympathie pour le personnage d’Elmire de la part du spectateur.
b) Se referme
Les phrases
interrogatives d’Elmire marquent son étonnement et lui permettent de repousser
le moment crucial. C’est une stratégie de défense. « Quoi ! Vous voulez aller à cette vitesse ? »
A partir de cette réplique on peut percevoir chez elle de la panique et/ou de
la colère envers son mari toujours bien caché, sans réaction. C’est ce qui peut
faire rire le spectateur ou le mettre mal à l’aise selon la mise en scène.
· Elmire doit se résigner à aller jusqu’au
bout et accorder comme elle le dit « les dernières faveurs » v 1458
· La réplique v1467- v1476 est ponctuée
d’exclamatives. Alors qu’au premier assaut, le premier effet de surprise passé,
Elmire parvenait à retrouver son calme, ici le sentiment de panique domine. «
Mon Dieu » ouvre la réplique comme un appel désespéré, puisque son mari ne
réagit toujours pas. 4 vers commencent par la conjonction de coordination « Et
», comme pour mimer un semblant de cohérence dans les propos. Cependant ces
conjonctions cachent finalement le trouble profond d’Elmire qui ne sait plus
comment agir. De plus, le lexique employé dans cette réplique montre bien son
désarroi. Le désir pressant de Tartuffe s’apparente pour elle à un abus de pouvoir.
Il ressemble à un assaut guerrier dont elle tente de se défendre : « en vrai
tyran », « avec violence », « de votre poursuite on ne peut se parer », « sans
quartier », « il prend un furieux empire », « d’abuser ainsi ». La diérèse sur
« furi-eux » laisse penser qu’Elmire accentue cette syllabe pour alerter une
nouvelle fois Orgon. Malgré la situation éminemment comique, cet instant précis
et ce terme précisément fait basculer la scène pour un instant dans la
tragédie. Elmire est bien malgré elle accablée par les propos de Tartuffe et
bientôt par ses avances
II Une dimension
critique
Tartuffe dans la
première réplique parle de son désir pour Elmire en utilisant un lexique
religieux auquel il est habitué : « béatitude ».
b) Son langage est hyperbolique : « félicité
», « bonheur », « une douceur extrême », « leur miel dans tous mes sens fait
couler à longs traits une suavité qu’on ne goûta jamais ». Les deux vers
s’enchaînent et correspondent à ce qui est dit « fait couler à longs traits ».
Tartuffe peut paraître vraiment sincère ou complètement faux et ridicule. Les mots
sont liés à ce qui suit c’est-à-dire aux plaisirs de la chair : « tous mes sens
»
c) Répétition de « cœur » qui rime d’ailleurs
avec « bonheur ». Tartuffe semble ne parler que de sentiments, mais son
objectif n’est pas de parler d’amour. Elmire est surprise par la rapidité avec
laquelle il glisse vers son objectif véritable. L’exclamation « quoi !» le
montre. Tartuffe veut donc du concret « qu’un peu de vos faveurs(…) ne viennent
m’assurer tous ce qu’ils ont pu dire » A la manière de Saint Thomas qui exige
des preuves, Tartuffe exige les siennes.
· Il argumente parfaitement son propos et
souligne le revirement d’Elmire. « Mais » « qu’ »
· Tartuffe utilise le présent de vérité
générale qui renforce son argumentation et ainsi apaiser les craintes d’Elmire.
· V. 1449 « Qu’un peu de vos faveurs, après
quoi je soupire, Ne vienne m’assurer tout ce qu’ils m’ont pu dire. » Tartuffe
demandait des preuves de l’affection d’Elmire et dans la réplique suivante il
réitère 1465- 1466 « Et je ne croirai rien que vous m’ayez Madame, Par des
réalités su convaincre ma flamme » C’est un deuxième assaut qui déstabilise
encore une fois Elmire qui ne peut le faire attendre indéfiniment.
· La critique de la fausse dévotion est
évidente.