vendredi 14 octobre 2016

Vendredi 14 octobre

Correction du DST n°1
Eléments de correction DST n°1

Le corpus qui nous est présenté est composé de trois textes. Le premier texte est un extrait du Ventre de Paris, écrit par Emile Zola et publié en 1873. Le second correspond à l’incipit du roman Le Rouge et le noir de Stendhal, publié en 1830. Le troisième texte est quant à lui extrait d’Eugénie Grandet d’Honoré de Balzac datant de 1833. Nous nous demanderons en quoi ces extraits de romans sont réalistes. Pour cela nous verrons comment ces textes mettent l’accent sur la description du milieu puis nous verrons comment le réalisme se définit de manière personnelle par les auteurs.
Les trois textes du corpus décrivent un lieu précis et réel, repérable sur une carte de France et de manière réaliste, c'est-à-dire en cherchant à donner au lecteur une impression de vérité. Zola nous montre « les Halles » de Paris au petit matin, Stendhal « la petite ville de Verrières » (l1) en Franche-Comté et Balzac la ville de « Saumur »(l7) . Chacun inscrit ce lieu plus largement dans une région, « le Jura » pour Stendhal ou dans un type de décor général de « certaines  provinces » chez Balzac ou dans un lieu plus large « la ville entière » dans le Ventre de Paris. Ce qui met également en valeur le réalisme des trois extraits c’est le souci du détail. Les auteurs ne se contentent pas d’une description rapide, ils accumulent les précisions. En effet, Zola pour décrire l’arrivée des marchands a recours à l’accumulation « c’était la marée, c’étaient les beurres, c’étaient la volaille, c’était la viande », Stendhal lui, décrit précisément le type de maisons visibles à Verrières : « les maisons blanches avec leurs toits de tuiles rouges » et Balzac utilise le même procédé quand il dit que les « habitations trois fois séculaires » sont encore solides quoique « construites en bois ». De plus la construction spatiale des lieux est particulièrement recherchée. Il s’agit pour les auteurs de donner « à voir » comme dans un tableau le décor de leur roman. Aussi, de nombreux connecteurs spatiaux permettent au lecteur de voir avec le narrateur et de se repérer. Stendhal commence par évoquer la ville de Verrières puis s’attarde sur le type d’habitation pour poursuivre ensuite avec la végétation « les vigoureux châtaigniers » puis passe au fleuve « le Doubs » et « à la montagne » sans oublier les fortifications de la ville. Dans le Ventre de Paris, Zola dirige le regard du lecteur « à droite » (l10) « en haut » (l4), « à gauche » (l18) et Balzac organise sa description par étape « à Saumur » puis « au bout de a rue […]qui mène au château », « aux habitations »(l11) et enfin « plus loin ». Ainsi, les trois extraits posent-ils le cadre de l’action de manière précise et réaliste. Nous devenons spectateur, promeneur selon le roman.

Cependant cette volonté réaliste ne relève pas uniformément des mêmes procédés. Le réalisme dépend de l’effet volontairement provoqué. En effet, Le Ventre de Paris diffère des deux autres extraits quant au traitement du point de vue. Zola plonge le lecteur dans le « ventre » de Paris, à travers le regard de  «  Florent » (l10) qui « leva  une dernière fois les yeux » et « regarda » les Halles. Il s’agit alors de découvrir la mise en place des maraîchers comme un observateur, témoin de la scène qui se déroule. Le lecteur peut avoir accès à une vision personnelle, celle du personnage qui est ici faite d’impressions. Ainsi, la lumière ressemble à « une goutte » (l5) qui « roule jusqu’aux gouttières », la cité devient « tumultueuse » dans «  une poussière d’or volante ». Zola en plus de faire appel à la vue, utilise aussi l’ouïe. Le champ lexical du bruit se faisant plus pressant aboutit à un paroxysme dans la matinée « le ronflement des maraîchers », « le roulement plus vif des arrivages » laissent place aux « carreaux » qui « bourdonnaient » enfin « toutes les voix donnaient  et l’on eût dit l’épanouissement magistral ». Les métaphores et personnifications mettent en valeur l’impression et contribuent au réalisme du texte tout en le rendant poétique. Balzac et Stendhal choisissent quant à eux le point de vue omniscient pour dessiner le cadre de l’action de la manière la plus précise qui soit. Dans Eugénie Grandet, Balzac décrit les maisons de Saumur et donne une indication sur leur intérêt, élément qui ne peut être deviné excepté par un spécialiste :   «  leurs divers aspects contribuent à l'originalité qui recommande cette partie de Saumur à l'attention des antiquaires et des artistes ».De même dans le Rouge et le noir où même l’histoire est convoquée : «  bâties jadis par les Espagnols ». Les points de vue ainsi diffèrent mais repose sur la même volonté, celle de montrer réellement et sans les dénaturer les cadres de l’action à venir.
Ainsi, nous avons pu voir que ces textes étaient réalistes grâce aux détails qu’ils nous apportaient sur l’espace décrit, qui était lui-même réel, mais que chaque auteur avait sa propre conception du réalisme en utilisant des procédés parfois opposés. Ce souci de réalisme a occupé la littérature durant le XIXème siècle mais l’art pictural s’en est fait l’écho notamment Claude Monet dans Impression de soleil levant ainsi que Gustave Caillebotte avec Les Raboteurs de parquet, œuvres particulièrement novatrices qui s’inscrivent dans le mouvement impressionniste.
Petit paragraphe d’un élève :
Dans le Ventre de Paris, l’agitation et le chaos ambiant prédominent, on nous parle de Paris comme d’une « cité tumultueuse » et l’auteur fait référence à beaucoup de bruits et de sons, comme « les basses sourdes de la foule », « les volées de cloche » ou les « glapissements de criée ». On a également l’impression que Paris est vivante, pleine de vie. En effet, dans l’expression « la ville entière repliait ses grilles », « les carreaux bourdonnaient », Paris est associée à un insecte qui replierait ses pattes et bourdonnerait. Cette métaphore nous permet de saisir l’atmosphère générale de la cité.

Nouveau texte : Histoire d'un merle blanc d'Alfred de Musset.
Alfred de Musset, Histoire d’un merle blanc (1842)
Dans ce conte, Musset raconte l’histoire d’un jeune merle incompris qui se révèlera être un grand poète. L’action se situe à Paris, sous la monarchie de Juillet.
Un jour qu’un rayon de soleil et ma fourrure naissante m’avaient mis, malgré moi, le cœur en joie, comme je voltigeais dans une allée, je me mis, pour mon malheur, à chanter. À la première note qu’il entendit, mon père sauta en l’air comme une fusée.
Qu’est-ce que j’entends là ? s’écria-t-il ; est-ce ainsi qu’un merle siffle ? est-ce ainsi que je siffle ? est-ce là siffler ? Et, s’abattant près de ma mère avec la contenance la plus terrible :
Malheureuse ! dit-il, qui est-ce qui a pondu dans ton nid ? À ces mots, ma mère indignée s’élança de son écuelle, non sans se faire du mal à une patte ; elle voulut parler, mais ses sanglots la suffoquaient ; elle tomba à terre à demi pâmée. Je la vis près d’expirer ; épouvanté et tremblant de peur, je me jetai aux genoux de mon père.
Ô mon père ! lui dis-je, si je siffle de travers, et si je suis mal vêtu, que ma mère n’en soit point punie ! Est-ce sa faute si la nature m’a refusé une voix comme la vôtre ? Est-ce sa faute si je n’ai pas votre beau bec jaune et votre bel habit noir à la française, qui vous donnent l’air d’un marguillier en train d’avaler une omelette ? Si le ciel a fait de moi un monstre, et si quelqu’un doit en porter la peine, que je sois du moins le seul malheureux. Il ne s’agit pas de cela, dit mon père ; que signifie la manière absurde dont tu viens de te permettre de siffler ? Qui t’a appris à siffler ainsi contre tous les usages et toutes les règles ?
Hélas ! Monsieur, répondis-je humblement, j’ai sifflé comme je pouvais, me sentant gai parce qu’il fait beau, et ayant peut-être mangé trop de mouches.
On ne siffle pas ainsi dans ma famille, reprit mon père hors de lui. Il y a des siècles que nous sifflons de père en fils, et, lorsque je fais entendre ma voix la nuit, apprends qu’il y a ici, au premier étage, un vieux monsieur, et au grenier une jeune grisette, qui ouvrent leurs fenêtres pour m’entendre. N’est-ce pas assez que j’aie devant mes yeux l’affreuse couleur de tes sottes plumes qui te donnent l’air enfariné comme un paillasse de la foire ? Si je n’étais le plus pacifique des merles, je t’aurais déjà cent fois mis à nu, ni plus ni moins qu’un poulet de basse-cour prêt à être embroché.
Eh bien ! M’écriai-je, révolté de l’injustice de mon père, s’il en est ainsi, monsieur, qu’à cela ne tienne ! Je me déroberai à votre présence, je délivrerai vos regards de cette malheureuse queue blanche par laquelle vous me tirez toute la journée. Je partirai, monsieur, je fuirai ; assez d’autres enfants consoleront votre vieillesse, puisque ma mère pond trois fois par an ; j’irai loin de vous cacher ma misère, et peut- être, ajoutai-je en sanglotant, peut-être trouverai-je, dans le potager du voisin ou sur les gouttières, quelques vers de terre ou quelques araignées pour soutenir ma triste existence.
Comme tu voudras, répliqua mon père, loin de s’attendrir à ce discours ; que je ne te voie plus ! Tu n’es pas mon fils ; tu n’es pas un merle.
Et que suis-je donc, monsieur, s’il vous plaît ? — Je n’en sais rien, mais tu n’es pas un merle. Après ces paroles foudroyantes, mon père s’éloigna à pas lents. Ma mère se releva tristement, et alla, en boitant, achever de pleurer dans son écuelle. Pour moi, confus et désolé, je pris mon vol du mieux que je pus, et j’allai, comme je l’avais annoncé, me percher sur la gouttière d’une maison voisine.
Questions : 1 Dans quelle mesure peut-on dire que Musset met en scène une situation réaliste ? 2 Quelle est l’importance du dialogue dans cet extrait ?

Quelques remarques supplémentaires : Pour l'introduction soyez rigoureux sur les termes employés. Quand il s'agit d'un romanou d'un poème dites-le. Evitez le terme générique "livre" qui manque de précision.
Pour présenter les textes dites "publié en..." ou "datant de. .." parce qu'on ne connait pas la date d'écriture. En revanche vous pouvez dire "écrit par..."
Les parties du devoir doivent être le plus équilibrées possible.
Dans chaque paragraphe il faut commencer par l'idée directrice et finir par une phrase qui reprend l'idée directrice. 
Pour Mardi 
Histoire d'un merle blanc de Musset. Rédigez un paragraphe qui répond à la question : en quoi ce texte est-il réaliste ?(en respectant la méthode) (dans votre cours, je vérifierai seulement)
Biographie de Musset
Apporter le poème L'Albatros de Baudelaire.


jeudi 13 octobre 2016

Jeudi 13 octobre

Correction du DST n°1

La moyenne de la classe est de 10,9.
La plupart d'entre vous parvenez à justifier ce que vous avancez en citant le texte, parfois en décrivant et en nommant les procédés mais trop rarement en les interprétant.

Citation/Procédés utilisés/interprétation

Demain je vous distribuerai quelques éléments de correction qui vous permettront de progresser. Encore faut-il que vous vous en saisissiez...sérieusement.

Pour demain : préparer l'explication orale du texte de Mateo Falcone

jeudi 6 octobre 2016

Représentation du 13 novembre Roméo et Juliette

N'oubliez pas : si vous avez envie de venir au théâtre voir Roméo et

 Juliette le dimanche 13 novembre à 14H à la Comédie française, 

apportez votre participation à l'intendance ou dans mon casier 

dans une enveloppe. (10 euros) 

Jeudi 6 octobre

Matin : Correction des exercices sur le point de vue.

Après-midi : 
Nouveau texte. Incipit de Mateo Falcone



Document 6 Prosper Mérimée, Mateo Falcone (1829)
Mateo Falcone est l’une des nouvelles les plus célèbres de Mérimée. Elle décrit les mœurs corses, que Mérimée avait étudiées. L’action se situe sous l’Empire, pendant les guerres napoléoniennes.


En sortant de Porto-Vecchio et se dirigeant au nord-ouest, vers l’intérieur de l’île, on voit le terrain s’élever assez rapidement, et après trois heures de marche par des sentiers tortueux, obstrués par de gros quartiers de rocs, et quelquefois coupés par des ravins, on se trouve sur le bord d’un maquis très étendu. Le maquis est la patrie des bergers corses et de quiconque s’est brouillé avec la justice. Il faut savoir que le laboureur corse, pour s’épargner la peine de fumer son champ, met le feu à une certaine étendue de bois : tant pis si la flamme se répand plus loin que besoin n’est ; arrive que pourra ; on est sûr d’avoir une bonne récolte en semant sur cette terre fertilisée par les cendres des arbres qu’elle portait.
Les épis enlevés, car on laisse la paille, qui donnerait de la peine à recueillir les racines qui sont, restées en terre sans se consumer poussent au printemps suivant, des cépées très épaisses qui, en peu d’années, parviennent à une hauteur de sept ou huit pieds. C’est cette manière de taillis fourré que l’on nomme maquis. Différentes espèces d’arbres et d’arbrisseaux le composent, mêlés et confondus comme il plaît à Dieu. Ce n’est que la hache à la main que l’homme s’y ouvrirait un passage, et l’on voit des maquis si épais et si touffus, que les mouflons eux-mêmes ne peuvent y pénétrer. Si vous avez tué un homme, allez dans le maquis de Porto-Vecchio, et vous y vivrez en sûreté, avec un bon fusil, de la poudre et des balles, n’oubliez pas un manteau bien garni d’un capuchon, qui sert de couverture et de matelas. Les bergers vous donnent du lait, du fromage et des châtaignes, et vous n’aurez rien à craindre de la justice ou des parents du mort, si ce n’est quand il vous faudra descendre à la ville pour y renouveler vos munitions.
Mateo Falcone, quand j’étais en Corse en 18…, avait sa maison à une demi-lieue de ce maquis. C’était un homme assez riche pour le pays ; vivant noblement, c’est-à-dire sans rien faire, du produit de ses troupeaux, que des bergers, espèces de nomades, menaient paître ça et là sur les montagnes. Lorsque je le vis, deux années après l’événement que je vais raconter, il me parut âgé de cinquante ans tout au plus. Figurez-vous un homme petit, mais robuste, avec des cheveux crépus, noirs comme le jais, un nez aquilin, les lèvres minces, les yeux grands et vifs, et un teint couleur de revers de botte. Son habileté au tir du fusil passait pour extraordinaire, même dans son pays, où il y a tant de bons tireurs. Par exemple, Mateo n’aurait jamais tiré sur un mouflon avec des chevrotines ; mais, à cent vingt pas, il l’abattait d’une balle dans la tête ou dans l’épaule, à son choix. La nuit, il se servait de ses armes aussi facilement que le jour, et l’on m’a cité de lui ce trait d’adresse qui paraîtra peut-être incroyable à qui n’a pas voyagé en Corse. À quatre-vingts pas, on plaçait une chandelle allumée derrière un transparent de papier, large comme une assiette. Il mettait en joue, puis on éteignait la chandelle, et, au bout d’une minute dans l’obscurité la plus complète, il tirait et perçait le transparent trois fois sur quatre.
Questions : 1) Quels détails du décor participent, selon vous, du réalisme ? 2) Comment la nature vous apparaît-elle dans ce passage ? 3) Quel caractère de Mateo Falcone se dessine dans cet extrait ? 


Nous avons répondu à 2 de ces questions.

1) Mérimée place d'emblée le lecteur dans un contexte réaliste en fournissant de nombreux détails géographiques. D'abord, la référence à la ville de Porto Vecchio permet de localiser l'action de la nouvelle. Ensuite, il décrit le paysage corse avec netteté en offrant au lecteur un véritable itinéraire de l'île. 

2) La nature paraît sauvage et inhospitalière. Elle a un aspect protecteur pour les meurtriers mais aussi inquiétante. 

Pour jeudi 13 : finir les questions.

N'oubliez pas : si vous avez envie de venir au théâtre voir Roméo et Juliette le dimanche 13 novembre à 14H à la Comédie française, apportez votre participation à l'intendance ou dans mon casier dans une enveloppe. (10 euros)