Eléments de correction DST n°1
Le corpus qui nous est présenté est composé de trois textes. Le
premier texte est un extrait du Ventre de Paris, écrit par
Emile Zola et publié en 1873. Le second correspond à l’incipit du
roman Le Rouge et le noir de Stendhal, publié en 1830. Le
troisième texte est quant à lui extrait d’Eugénie Grandet
d’Honoré de Balzac datant de 1833. Nous nous demanderons en quoi
ces extraits de romans sont réalistes. Pour cela nous verrons
comment ces textes mettent l’accent sur la description du milieu
puis nous verrons comment le réalisme se définit de manière
personnelle par les auteurs.
Les trois textes du corpus décrivent un lieu précis et réel,
repérable sur une carte de France et de manière réaliste,
c'est-à-dire en cherchant à donner au lecteur une impression de
vérité. Zola nous montre « les Halles » de Paris au
petit matin, Stendhal « la petite ville de Verrières »
(l1) en Franche-Comté et Balzac la ville de « Saumur »(l7)
. Chacun inscrit ce lieu plus largement dans une région, « le
Jura » pour Stendhal ou dans un type de décor général de «
certaines provinces » chez Balzac ou dans un lieu
plus large « la ville entière » dans le Ventre de
Paris. Ce qui met également en valeur le réalisme des trois
extraits c’est le souci du détail. Les auteurs ne se contentent
pas d’une description rapide, ils accumulent les précisions. En
effet, Zola pour décrire l’arrivée des marchands a recours à
l’accumulation « c’était la marée, c’étaient les
beurres, c’étaient la volaille, c’était la viande »,
Stendhal lui, décrit précisément le type de maisons visibles à
Verrières : « les maisons blanches avec leurs toits de
tuiles rouges » et Balzac utilise le même procédé quand il
dit que les « habitations trois fois séculaires » sont
encore solides quoique « construites en bois ». De plus
la construction spatiale des lieux est particulièrement recherchée.
Il s’agit pour les auteurs de donner « à voir » comme
dans un tableau le décor de leur roman. Aussi, de nombreux
connecteurs spatiaux permettent au lecteur de voir avec le narrateur
et de se repérer. Stendhal commence par évoquer la ville de
Verrières puis s’attarde sur le type d’habitation pour
poursuivre ensuite avec la végétation « les vigoureux
châtaigniers » puis passe au fleuve « le Doubs »
et « à la montagne » sans oublier les fortifications de
la ville. Dans le Ventre de Paris, Zola dirige le regard du
lecteur « à droite » (l10) « en haut » (l4),
« à gauche » (l18) et Balzac organise sa description par
étape « à Saumur » puis « au bout de a rue […]qui
mène au château », « aux habitations »(l11) et
enfin « plus loin ». Ainsi, les trois extraits
posent-ils le cadre de l’action de manière précise et réaliste.
Nous devenons spectateur, promeneur selon le roman.
Cependant cette volonté réaliste ne relève pas uniformément des
mêmes procédés. Le réalisme dépend de l’effet volontairement
provoqué. En effet, Le Ventre de Paris diffère des deux
autres extraits quant au traitement du point de vue. Zola plonge le
lecteur dans le « ventre » de Paris, à travers le regard
de « Florent » (l10) qui « leva une
dernière fois les yeux » et « regarda » les
Halles. Il s’agit alors de découvrir la mise en place des
maraîchers comme un observateur, témoin de la scène qui se
déroule. Le lecteur peut avoir accès à une vision personnelle,
celle du personnage qui est ici faite d’impressions. Ainsi, la
lumière ressemble à « une goutte » (l5) qui « roule
jusqu’aux gouttières », la cité devient « tumultueuse »
dans « une poussière d’or volante ». Zola en plus de
faire appel à la vue, utilise aussi l’ouïe. Le champ lexical du
bruit se faisant plus pressant aboutit à un paroxysme dans la
matinée « le ronflement des maraîchers », « le
roulement plus vif des arrivages » laissent place aux
« carreaux » qui « bourdonnaient » enfin
« toutes les voix donnaient et l’on eût dit
l’épanouissement magistral ». Les métaphores et
personnifications mettent en valeur l’impression et contribuent au
réalisme du texte tout en le rendant poétique. Balzac et Stendhal
choisissent quant à eux le point de vue omniscient pour dessiner le
cadre de l’action de la manière la plus précise qui soit. Dans
Eugénie Grandet, Balzac décrit les maisons de Saumur et donne
une indication sur leur intérêt, élément qui ne peut être deviné
excepté par un spécialiste : « leurs divers
aspects contribuent à l'originalité qui recommande cette partie de
Saumur à l'attention des antiquaires et des artistes ».De même
dans le Rouge et le noir où même l’histoire est
convoquée : « bâties jadis par les Espagnols ».
Les points de vue ainsi diffèrent mais repose sur la même volonté,
celle de montrer réellement et sans les dénaturer les cadres de
l’action à venir.
Ainsi, nous avons pu voir que ces textes étaient réalistes grâce
aux détails qu’ils nous apportaient sur l’espace décrit, qui
était lui-même réel, mais que chaque auteur avait sa propre
conception du réalisme en utilisant des procédés parfois opposés.
Ce souci de réalisme a occupé la littérature durant le XIXème
siècle mais l’art pictural s’en est fait l’écho notamment
Claude Monet dans Impression de soleil levant ainsi que
Gustave Caillebotte avec Les Raboteurs de parquet, œuvres
particulièrement novatrices qui s’inscrivent dans le mouvement
impressionniste.
Petit
paragraphe d’un élève :
Dans le Ventre de Paris, l’agitation et le chaos ambiant
prédominent, on nous parle de Paris comme d’une « cité
tumultueuse » et l’auteur fait référence à beaucoup de
bruits et de sons, comme « les basses sourdes de la foule »,
« les volées de cloche » ou les « glapissements
de criée ». On a également l’impression que Paris est
vivante, pleine de vie. En effet, dans l’expression « la
ville entière repliait ses grilles », « les carreaux
bourdonnaient », Paris est associée à un insecte qui
replierait ses pattes et bourdonnerait. Cette métaphore nous permet
de saisir l’atmosphère générale de la cité.
Nouveau texte : Histoire d'un merle blanc d'Alfred de Musset.
Alfred de Musset,
Histoire d’un merle blanc
(1842)
Dans ce conte, Musset raconte l’histoire d’un jeune
merle incompris qui se révèlera être un grand poète. L’action
se situe à Paris, sous la monarchie de Juillet.
Un jour
qu’un rayon de soleil et ma fourrure naissante m’avaient mis,
malgré moi, le cœur en joie, comme je voltigeais dans une allée,
je me mis, pour mon malheur, à chanter. À la première note qu’il
entendit, mon père sauta en l’air comme une fusée.
— Qu’est-ce
que j’entends là ? s’écria-t-il ; est-ce ainsi qu’un merle
siffle ? est-ce ainsi que je siffle ? est-ce là siffler ? Et,
s’abattant près de ma mère avec la contenance la plus terrible :
— Malheureuse
! dit-il, qui est-ce qui a pondu dans ton nid ? À ces mots, ma mère
indignée s’élança de son écuelle, non sans se faire du mal à
une patte ; elle voulut parler, mais ses sanglots la suffoquaient ;
elle tomba à terre à demi pâmée. Je la vis près d’expirer ;
épouvanté et tremblant de peur, je me jetai aux genoux de mon père.
— Ô
mon père ! lui dis-je, si je siffle de travers, et si je suis mal
vêtu, que ma mère n’en soit point punie ! Est-ce sa faute si la
nature m’a refusé une voix comme la vôtre ? Est-ce sa faute si je
n’ai pas votre beau bec jaune et votre bel habit noir à la
française, qui vous donnent l’air d’un marguillier en train
d’avaler une omelette ? Si le ciel a fait de moi un monstre, et si
quelqu’un doit en porter la peine, que je sois du moins le seul
malheureux. Il ne s’agit pas de cela, dit mon père ; que signifie
la manière absurde dont tu viens de te permettre de siffler ? Qui
t’a appris à siffler ainsi contre tous les usages et toutes les
règles ?
— Hélas
! Monsieur, répondis-je humblement, j’ai sifflé comme je pouvais,
me sentant gai parce qu’il fait beau, et ayant peut-être mangé
trop de mouches.
— On
ne siffle pas ainsi dans ma famille, reprit mon père hors de lui. Il
y a des siècles que nous sifflons de père en fils, et, lorsque je
fais entendre ma voix la nuit, apprends qu’il y a ici, au premier
étage, un vieux monsieur, et au grenier une jeune grisette, qui
ouvrent leurs fenêtres pour m’entendre. N’est-ce pas assez que
j’aie devant mes yeux l’affreuse couleur de tes sottes plumes qui
te donnent l’air enfariné comme un paillasse de la foire ? Si je
n’étais le plus pacifique des merles, je t’aurais déjà cent
fois mis à nu, ni plus ni moins qu’un poulet de basse-cour prêt à
être embroché.
— Eh
bien ! M’écriai-je, révolté de l’injustice de mon père, s’il
en est ainsi, monsieur, qu’à cela ne tienne ! Je me déroberai à
votre présence, je délivrerai vos regards de cette malheureuse
queue blanche par laquelle vous me tirez toute la journée. Je
partirai, monsieur, je fuirai ; assez d’autres enfants consoleront
votre vieillesse, puisque ma mère pond trois fois par an ; j’irai
loin de vous cacher ma misère, et peut- être, ajoutai-je en
sanglotant, peut-être trouverai-je, dans le potager du voisin ou sur
les gouttières, quelques vers de terre ou quelques araignées pour
soutenir ma triste existence.
— Comme
tu voudras, répliqua mon père, loin de s’attendrir à ce discours
; que je ne te voie plus ! Tu n’es pas mon fils ; tu n’es pas un
merle.
— Et
que suis-je donc, monsieur, s’il vous plaît ? — Je n’en sais
rien, mais tu n’es pas un merle. Après ces paroles foudroyantes,
mon père s’éloigna à pas lents. Ma mère se releva tristement,
et alla, en boitant, achever de pleurer dans son écuelle. Pour moi,
confus et désolé, je pris mon vol du mieux que je pus, et j’allai,
comme je l’avais annoncé, me percher sur la gouttière d’une
maison voisine.
Questions :
1 Dans quelle mesure peut-on dire que Musset
met en scène une situation réaliste ? 2 Quelle est l’importance
du dialogue dans cet extrait ?
Quelques remarques supplémentaires : Pour l'introduction soyez rigoureux sur les termes employés. Quand il s'agit d'un romanou d'un poème dites-le. Evitez le terme générique "livre" qui manque de précision.
Pour présenter les textes dites "publié en..." ou "datant de. .." parce qu'on ne connait pas la date d'écriture. En revanche vous pouvez dire "écrit par..."
Les parties du devoir doivent être le plus équilibrées possible.
Dans chaque paragraphe il faut commencer par l'idée directrice et finir par une phrase qui reprend l'idée directrice.
Pour Mardi
Histoire d'un merle blanc de Musset. Rédigez un paragraphe qui répond à la question : en quoi ce texte est-il réaliste ?(en respectant la méthode) (dans votre cours, je vérifierai seulement)
Biographie de Musset
Apporter le poème L'Albatros de Baudelaire.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire