Evaluation 1h /20
Questions de cours :
- Citer le siècle du classicisme. (en chiffres romains) /0.5
XVIIème
- Quelles sont les règles de la tragédie classique ? /1.5
La règle des 3 unités (1 seul lieu, 1
seule journée, 1 seule action principale)
- Citer les trois tragiques grecs. /1
Eschyle, Euripide et Sophocle
- Qui définit la tragédie dans l’antiquité ? Dans quel ouvrage ? Qu’en dit-il ? / 1
Aristote dans la Poétique.
Catharsis : purgation des passions.
- Qui est Titus ? Est-ce un personnage historique ? /1
Il s'agit du 11ème empereur romain.
- De quel auteur Racine s’inspire- t-il pour écrire Bérénice ? Citer les termes exacts en latin. /2
Il s'inspire de Suétone Les Douze Césars.
Invitus, invitam : malgré lui, malgré
elle.
- Pourquoi peut-on dire de Bérénice de Racine qu’il s’agit d’une tragédie sans tragique ? /1
Personne ne meurt à la fin de la pièce.
- De quel auteur Racine s’inspire –t-il pour écrire Britannicus ? Qu’en dit-il ? /1
Racine s'inspire de Tacite, historien latin.
Il lui rend hommage dans la préface.
- Citez 2 auteurs qui ont réécrit Médée d’Euripide. /1
Corneille, Max Rouquette, Sénèque, Jean
Anouilh
Médée,
acte V, scène 2, Pierre Corneille.
MÉDÉE.
Est-ce assez, ma vengeance, est-ce assez de
deux morts ?
Consulte avec loisir tes plus ardents
transports.
Des bras de mon perfide arracher une femme,
1330 |
Est-ce pour assouvir les fureurs de mon
âme ? |
Que n'a-t-elle déjà des enfants de Jason,
Sur qui plus pleinement venger sa trahison !
Suppléons-y des miens ; immolons avec joie
Ceux qu'à me dire adieu Créuse me renvoie.
1335 |
Nature, je le puis sans violer ta loi : |
Ils viennent de sa part, et ne sont plus à
moi.
Mais ils sont innocents ; aussi l'était mon
frère :
Ils sont trop criminels d'avoir Jason pour père
;
Il faut que leur trépas redouble son tourment
;
1340 |
Il faut qu'il souffre en père aussi bien
qu'en amant. |
Mais quoi ! J'ai beau contre eux animer mon
audace,
La pitié la combat, et se met en sa place ;
Puis, cédant tout à coup la place à ma
fureur,
J'adore les projets qui me faisaient horreur :
1345 |
De l'amour aussitôt je passe à la
colère, |
Des sentiments de femme aux tendresses de mère.
D'épargner des enfants que je ne verrai plus.
Chers fruits de mon amour, si je vous ai fait
naître,
1350 |
Ce n'est pas seulement pour caresser un
traître : |
Il me prive de vous, et je l'en vais priver.
Mais ma pitié renaît, et revient me braver ;
Je n'exécute rien, et mon âme éperdue
Entre deux passions demeure suspendue.
1355 |
N'en délibérons plus, mon bras en
résoudra. |
Je vous perds, mes enfants ; mais Jason vous
perdra ;
Il ne vous verra plus... Créon sort tout en
rage :
Allons à son trépas joindre ce triste
ouvrage.
Voici le plan de commentaire.
Problématique : En quoi cette scène
constitue-t-elle un tournant dans la pièce ?
I. Une femme outragée
a) Une femme tourmentée
b) Une femme divisée
Les connecteurs
d’opposition
Nombreuses antithèses
Les expressions par
lesquelles elle désigne ses enfants
c) Une femme dépossédée d’elle-même
II. La naissance d’un monstre
a) La justification de l’injustifiable
b) La fureur
c) Vers l’inhumanité
Vous rédigerez le b) du premier axe. Vous devez utiliser les
procédés indiqués en gras.
Rappel : Un paragraphe doit commencer par l’idée directrice,
être ensuite justifiée par des citations et une analyse précise
des procédés, finir par une phrase reformulant l’idée
directrice.
Dans ce monologue de Médée lors de la
scène 2 de l’acte V, le personnage est dépeint comme une femme
divisée, hésitante. En effet, on observe dans son discours de
nombreuses antithèses. Elle qualifie ses enfants d’ « innocents »
(v1337) puis de « criminels » (v 1338) au vers suivant ce
qui montre une contradiction dans ses pensées. Pourtant l’amour
ressenti par cette mère envers ses enfants est présent. Elle-même
ressent les « tendresses d’une mère » (v 1345) pour
« les fruits de son amour » (v 1349). Ainsi l’opposition
entre les sentiments d’amour d’une mère et l’acte effroyable
qu’elle s’apprête à commettre est encore plus marquée. Médée
est confrontée à sa colère qui la possède et la fait agir d’une
manière qu’elle ne concevait pas : « j’adore
des projets qui me faisait horreur » (v 1344). Et pourtant sa
part d’humanité toujours présente la fait hésiter « Mais
ma pitié et revient me braver » (v 1332). En somme Médée
oscille entre son amour pour ses enfants et son désir de
vengeance : « Entre deux passions demeure
suspendue » (v 1354). Ce dilemme, source de souffrances pour
Médée occupe ce monologue délibératif. La décision tendra vers
l’irréparable qui rendra Médée
à sa monstruosité.