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Texte 1 : Extrait du chapitre 1 - Le Ventre de Paris - Emile
Zola, 1873
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Texte 2 : Incipit Le Rouge et le Noir, Stendhal, 1830
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Texte
3 : Eugénie Grandet, Honoré de Balzac, 1833
Question :
Après avoir lu attentivement les textes du corpus vous répondrez à la question
suivante :
En
quoi ces trois extraits sont-ils réalistes ?
Vous
présenterez d’abord les textes sans oublier le titre de l’œuvre, l’auteur et la
date de parution, puis vous organiserez votre réponse en deux temps.
1)
Une
description réaliste (En quoi les textes se ressemblent.)
a) Le thème commun aux trois textes/temps verbal
b) Le souci du détail
c) La construction spatiale
2)
Mais un
réalisme personnel (En quoi les textes sont différents.)
a) Le
point de vue du narrateur (omniscient et interne)
b) Contraste
entre le calme et l’agitation.
c)
Bonus :
une vision des Halles poétique et impressionniste par Zola.
Texte
1 : Extrait du chapitre 1 - Le Ventre de Paris - Emile
Zola, 1873
Il leva une dernière fois les yeux, il regarda les Halles. Elles flambaient dans
le soleil. Un grand rayon entrait par le bout de la rue couverte, au fond,
trouant la masse des pavillons d’un portique de lumière ; et, battant la
nappe des toitures, une pluie ardente tombait. L’énorme charpente de fonte se
noyait, bleuissait, n’était plus qu’un profil sombre sur les flammes d’incendie
du levant. En haut,
une vitre s’allumait, une goutte de clarté roulait jusqu’aux gouttières, le
long de la pente des larges plaques de zinc. Ce fut alors une cité tumultueuse
dans une poussière d’or volante. Le réveil avait grandi, du ronflement des
maraîchers, couchés sous leurs limousines, au roulement plus vif des arrivages.
Maintenant, la ville entière repliait ses grilles ; les carreaux
bourdonnaient, les pavillons grondaient ; toutes les voix donnaient, et
l’on eût dit l’épanouissement magistral de cette phrase que Florent, depuis
quatre heures du matin, entendait se traîner et se grossir dans l’ombre. A droite, à gauche, de
tous côtés, des glapissements de criée mettaient des notes aiguës de petite
flûte, au milieu des basses sourdes de la foule. C’était la marée, c’étaient les beurres, c’était la
volaille, c’était la viande. Des volées de cloche passaient, secouant
derrière elles le murmure des marchés qui s’ouvraient. Autour de lui, le soleil
enflammait les légumes. Il ne reconnaissait plus l’aquarelle tendre des pâleurs
de l’aube. Les cœurs élargis des salades brûlaient, la gamme du vert éclatait
en vigueurs superbes, les carottes saignaient, les navets devenaient incandescents,
dans ce brasier triomphal. A sa
gauche, des tombereaux de choux s’éboulaient encore. Il tourna les yeux,
il vit, au loin, des camions qui débouchaient toujours de la rue Turbigo.
Texte
2 : Incipit Le Rouge et le Noir,
Stendhal, 1830
La petite ville de Verrières peut passer pour l’une des plus jolies de la
Franche-Comté. Ses maisons blanches avec leurs toits pointus de tuiles rouges,
s’étendent sur la pente d’une colline, dont des touffes de vigoureux
châtaigniers marquent les moindres sinuosités. Le Doubs coule à quelques centaines de pieds
au-dessous de ses fortifications, bâties jadis par les Espagnols, et maintenant ruinées. Verrières est abritée du
côté du nord par une haute montagne, c’est une des branches du Jura. Les cimes
brisées du Verra se
couvrent de neige dès les premiers froids d’octobre. Un torrent, qui se
précipite de la montagne, traverse Verrières avant de se jeter dans le Doubs, et donne le
mouvement à un grand nombre de scies à bois ; c’est une industrie fort
simple et qui procure un certain bien-être à la majeure partie des habitants
plus paysans que bourgeois. Ce ne sont pas cependant les scies à bois qui ont
enrichi cette petite ville. C’est
à la fabrique des toiles peintes, dites de Mulhouse, que l’on doit l’aisance
générale qui, depuis la chute de Napoléon, a fait rebâtir les façades de
presque toutes les maisons de Verrières.
Texte 3 : Eugénie Grandet, Honoré de Balzac, 1833
Il se trouve dans
certaines provinces des maisons dont la vue inspire une mélancolie égale à
celle que provoquent les cloîtres les plus sombres, les landes les plus ternes
ou les ruines les plus tristes. Peut-être y a-t-il à la fois dans ces maisons
et le silence du cloître et l'aridité des landes et les ossements des ruines. La vie et le mouvement y sont si
tranquilles qu'un étranger les croirait inhabitées, s'il ne rencontrait
tout à coup le regard pâle et froid d'une personne immobile dont la figure à demi
monastique dépasse l'appui de la croisée, au bruit d'un pas inconnu. Ces
principes de mélancolie existent dans la physionomie d'un logis situé à Saumur, au bout de la rue montueuse qui
mène au château, par le haut de la ville. Cette rue, maintenant peu fréquentée,
chaude en été, froide en hiver, obscure en quelques endroits, est remarquable
par la sonorité de son petit pavé caillouteux, toujours propre et sec, par
l'étroitesse de sa voie tortueuse, par la paix de ses maisons qui appartiennent
à la vieille ville, et que dominent les remparts. Des habitations trois fois séculaires y sont encore
solides quoique construites en bois, et leurs divers aspects contribuent à
l'originalité qui recommande cette partie de Saumur à l'attention des
antiquaires et des artistes. Il est difficile de passer devant ces
maisons, sans admirer les
énormes madriers dont les bouts sont taillés en figures bizarres et qui
couronnent d'un bas-relief noir le rez-de-chaussée de la plupart d'entre elles.
Ici, des pièces de bois transversales sont couvertes en ardoises et dessinent
des lignes bleues sur les frêles murailles d'un logis terminé par un toit en colombage que
les ans ont fait plier, dont les bardeaux pourris ont été tordus par l'action
alternative de la pluie et du soleil. Là se présentent des appuis de fenêtre
usés, noircis, dont les délicates sculptures se voient à peine, et qui semblent
trop légers pour le pot d'argile brune d'où s'élancent les œillets ou les
rosiers d'une pauvre ouvrière.
Plus loin, c'est des portes garnies de clous énormes où le génie de nos
ancêtres a tracé des hiéroglyphes domestiques dont le sens ne se retrouvera
jamais.
Bon courage à tous. Pour vous aider certains passages sont grisés dans les textes. En les
analysant précisément vous pourrez répondre à la question plus facilement.
Pour les absents du jour : A rendre mardi 4 octobre. Finir la lecture de Mateo Falcone
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